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Actionnariat Salarié

Des femmes et des hommes d’action !

Du « social washing », l’actionnariat salarial chez Samse ? Non.

L’histoire prend racine dans une culture tissée de longue date. Le groupe Samse a toujours été innovant en termes de management et propose de payer la participation en actions dès l’ordonnance du Général de Gaulle, en 1968. Aujourd’hui, salariés et anciens salariés détiennent plus d’un quart du capital de Dumont Investissement (Holding du groupe Samse).
À plus de 100 ans, la « vieille dame » Samse fait preuve d’une vitalité enthousiaste et inspirante. Elle a su reconquérir son indépendance capitalistique en 2020 (en pleine année Covid), prouvant une fois de plus à quel point elle est valeureuse et résistante. À quel point ses fondations sont saines.
La culture du partage, chez Samse, ce n’est pas « du cinéma » ou une valeur cultivée par le marketing du groupe pour faire joli. Ici, le partage se concrétise : qu’il s’agisse de certaines décisions ou - chose qui fâche souvent – de répartition des bénéfices !
Tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus unis. Dans la menace, face au danger, en 1988 comme en 2020, c’est ce sens du partage qui sauve le groupe. Fini d’opposer les patrons et les salariés : les uns ont investi sur les autres. Et vice versa.
Tous ensemble ont montré que, parfois, David contre Goliath, la victoire du petit contre le gros, cela arrive dans la « vraie vie ». Si on y croit suffisamment fort… et qu’on agit en conséquence.

Par Myriam Cornu-Nave, journaliste

« 500 collaborateurs rencontrés en 2 mois. L’actionnariat salarial, ce n’est pas un truc que vous avez fait tout seul dans votre coin, visiblement ».

Voilà la première chose que j’ai dite à Olivier Malfait, dirigeant du groupe Samse, lorsque je l’ai rencontré pour cet article. Sa réponse n’a pas tardé : « Non, en effet, ce n’est pas une vision de l’esprit, tout droit sortie du Comex. Nous avons monté tout cela ensemble, avec les collaborateurs. 75 % de salariés actionnaires, cela signifie que cette vision, je ne suis pas le seul à la porter. Nous la partageons ! » se réjouit le président directeur général.
«L’une des premières vertus du système de l’actionnariat salarial, c’est d’aligner les intérêts. De ne plus opposer les patrons et les salariés. On peut être salarié ET actionnaire. Cela permet le partage du profit de manière juste et équitable. C’est un système 100 % vertueux ! Motivant, juste. » poursuit Olivier Malfait.

Comment en est-on arrivé là ?

Souvenez-vous, l’année 2020. Quel virus a donc bien pu piquer le groupe Samse ? Un certain fonds d’investissement. « À l’époque, nous nous sommes sentis comme des pions » se remémore Laurent Chameroy, directeur général délégué et financier. « Le mariage programmé avec CRH, ce n’est pas comme ça qu’on l’avait construit. On avait un deal entre personnes et on s’est retrouvé sur tout à fait autre chose. Les acheteurs-revendeurs d’entreprises sont là pour faire des plus-values. Avec ces grandes restructurations, on se retrouve sur un échiquier. Impuissants. Alors, nous avons vite senti qu’il ne fallait pas rester dans la machine à laver. »

La réaction ?

Horizon Bleu. Un nom de code qui sonne comme une stratégie guerrière. Car une guerre, c’en est une. Et
d’abord une guerre des nerfs. Ceux d’Olivier Malfait, Laurent Chameroy et Patrice Joppé en première ligne, soutenus par l’ensemble du Comex. « On s’est dit : On va se battre. On a peu de chances de réussir mais au moins, on aura essayé. » raconte le premier.

Qui aura gagné, au final, et reconquis l’indépendance du groupe Samse ? La diplomatie d’Olivier et le pragmatisme percutant de Laurent, couplés à la sacrée force de Patrice Joppé. Mais par-dessus tout l’unité. L’unité de ce trio. L’unité du Comex. L’unité des familles. « C’est dans l’adversité qu’on constate qu’en dépit des divergences d’opinions (car évidemment il y en a eu !), au- delà des différences, l’équipe de direction fait preuve de solidarité. Il y a eu des moments d’émotions très fortes » poursuit Olivier Malfait. « Un jour, on s’est tous pris par la main. Et on a décidé d’exprimer notre refus d’être achetés par un fonds d’investissement. Nous leur avons transmis nos convictions. Il y a eu une énergie ce jour-là qui disait : « Nous n’allons pas nous laisser faire ». Cette capacité à se dresser quand il y a danger, c’est très Samse. »

Et Laurent Chameroy, directeur général délégué et financier, de poursuivre : « C’est comme une union, une alliance, comme si on avait renouvelé des vœux pris en 1988. » Sa motivation ? L’intérêt collectif, plutôt que son intérêt individuel. « Bien mal acquis ne profite jamais. J’ai refusé le gros chèque car c’est une forme de fuite en avant qui n’a pas de sens pour moi. C’est contraire à ce qu’on a toujours construit : quelque chose de solide, de durable. Le respect de l’histoire qu’on a bâtie, cela me parle plus. La vision à long terme, la construction de la croissance et du partage. Je me refusais de renoncer à tout cela. »

À J+1 an, ce qui rend le plus fier Laurent Chameroy ?

« L’alignement du Comex. Le courrier qu’on signe, destiné au fonds d’investissement. L’alliance des familles et des salariés, qui répondent présents. Ils auraient été les premiers impactés.
Ces gens qui nous aident à un moment où on est un peu tendus, aussi. Comme de nouveaux actionnaires, notamment des établissements bancaires, des familles de partenaires historiques, dont Vicat qui avait créé Samse.
Le changement radical de stratégie de CRH, imprévisible, a tout bouleversé. Certaines familles avaient déjà pris des dispositions, nous devions leur trouver des espaces de liberté. Il a fallu parvenir à aligner tous les intérêts, trouver un équilibre de prix et obtenir un pacte de stabilité. »

Mais le directeur général délégué et financier l’avoue : ce qui l’a le plus touché, c’est la réaction des salariés.

En effet, trois salariés sur quatre sont déjà actionnaires. D’autres les rejoignent chaque jour. Faisant fi du risque, puisqu’il existe, malgré tout. Et personne au Comex ne cherche à duper les salariés. « Le risque ? Oui, il existe » répond sans ambages Laurent Chameroy, droit dans ses bottes. « Si c’est la fin du monde, on fera comme tout le monde : on disparaîtra. Mais on est solide, on est résilient. On sait mobiliser les énergies. On a une réactivité hors norme : on a l’habitude des circuits courts.
Les 230 managers qui sont venus, qui ont misé financièrement sur le groupe Samse, c’est une preuve supplémentaire de cette énergie. Parce que ça veut dire qu’il y a ce souffle, cet engouement : « C’est NOTRE boîte ! ». Cette co-responsabilité, cette responsabilité partagée, c’est l’actionnariat dans le bon sens du terme, pour moi. J’agis, je m’engage. Si la performance est au rendez- vous, ça peut être très rentable. »
Des femmes et des hommes d’action, c’est cela, le groupe Samse. Et s’il en est un qui n’a rien perdu de sa capacité d’action, on l’a vu durant cette épopée du rachat, c’est Patrice Joppé, à qui nous laisserons le mot de la fin :
« À l’époque de mon père, en 1949, l’entreprise a pris à la fois son indépendance et son envol ! À mon avis, c’est un facteur essentiel de sa réussite, cette indépendance. Être libre, cela n’a pas de prix. Cela ne se négocie pas. Le partage de l’avoir, tel qu’on le souhaite chez Samse - avec le partage des bénéfices - c’est pouvoir retrouver, en plus de son salaire, une partie du résultat de son travail. Moi, je dis : « Devenez actionnaires, allez-y, foncez ! Personne ne l’a jamais regretté. Cela n’a jamais déçu personne ! ».

 

Laurent Chameroy

« Résister au grand méchant loup, tout le monde en a envie. Mais quand il faut mettre de l’argent vraiment, le sortir de sa poche, c’est autre chose ! Que le Comex s’implique financièrement très tôt dans le projet, je pense que cela a marqué les esprits. »

Laurent Chameroy

3 questions (gênantes) à Olivier Malfait

Notre journaliste a posé trois questions un peu dérangeantes à notre PDG. Réponses sans filtres de l’intéressé.

La rédaction : Olivier, ces histoires d’actionnariat salarial sont un peu à la mode, non ?

Olivier Malfait : « C’est quelque chose d’ancien, d’historique dans le groupe Samse. Patrice Joppé l’a mis en place dès 1968 à la suite de l’ordonnance du Général de Gaulle. En total accord avec les syndicats, il avait décidé de payer la prime de participation des salariés en actions. Les syndicats s’étaient, en toute logique, demandé où était le piège (« actions », c’est presque un gros mot, cela peut vouloir dire « exploiteur » pour certains), avant se de dire de façon pragmatique que « Si c’est bon pour les patrons, alors c’est bon pour tous ».
Ce n’est pas une idée « à la mode » que nous avons suivie. C’est une conviction. Quelque chose de profond, chez nous. J’y crois de manière sincère : il s’agit d’un alignement des intérêts de chacun. Entreprise comme collaborateur, nous avons tous le même intérêt.
Je repense à un ancien salarié de Doras qui nous a appelés pour savoir combien il avait épargné depuis 30 ans, il pensait avoir dans les 20 000 euros… il avait en fait cumulé avec le temps beaucoup plus. Il n’en revenait pas ! »

Olivier Malfait

La rédaction : Olivier, pardonnez-moi, mais vous êtes bientôt à la retraite. Qu’est-ce qui vous a poussé, vous, personnellement, dans cette vision à long terme de l’entreprise ?

Olivier Malfait : « Franchement ? Parce que j’adore ce groupe. Samse, c’est une entreprise terriblement attachante. C’est vraiment vis-à-vis des salariés qu’avec Laurent nous nous sommes battus. Je n’étais pas du tout certain de réussir mais je voulais tout tenter. Nous avons fait le maximum. Pour les salariés et aussi pour Patrice Joppé. Vous dites me voir comme son « fils spitiruel », c’est un réel honneur pour moi.
J’ai eu la chance d’avoir aussi à mes côtés Laurent Chameroy. Tous, nous aurions pu prendre un gros chèque, mais nous avons la chance d’être déjà à l’aise financièrement, alors avec les membres du Comex, ce sont les salariés que nous avions en tête.
Les salariés nous ont fait une réponse à la hauteur de notre combat, avec leurs votes à l’unanimité (de la part des FCPE Samse et Doras mais aussi du CSE). Ce soutien a beaucoup compté pour ma motivation personnelle. J’avais le sentiment d’être dans le juste. Les gens ne sont pas naïfs. Ils savaient à quoi s’attendre, avec un fonds d’investissement, pour leur emploi. Pour leur avenir. »

La rédaction : Philosophiquement, socialement, pensez-vous qu’on puisse changer le monde ? Que le cas du groupe Samse puisse servir d’exemple pour choisir une autre voie ?

Olivier Malfait : « C’est un exemple à notre niveau. Je ne veux pas dire que nous sommes exemplaires et que nous avons tout fait parfaitement bien, mais notre exemple – réaliste, accessible - prouve que c’est possible, oui. Cela montre que, lorsqu’on est déterminé, il est possible d’obtenir ce que l’on veut. Il est possible de fédérer tout le monde. Ces montages où on mêle les salariés sont très vertueux. D’habitude, les entreprises proposent un co-investissement à leur top managers (top 10 ou 15). Nous l’avons proposé à 530 managers! Et l’ensemble des collaborateurs a bénéficié d’un abondement exceptionnel en investissant sur le fonds actionnarial. Oui, c’est possible. Cette période, en tout cas, m’a beaucoup appris sur le plan personnel. Alors changer le monde, je ne sais pas mais cette période m’a changé, moi. Et m’a fait grandir, c’est certain. »